2019/11/03 article de l’Éveil

Société

Construction d’un crématorium en Haute-Loire : après Saint-Hostien, cap sur Le Pertuis ?

Publié le 03/11/2019 à 19h01

L’installation se fait attendre sur le bassin du Puy-en-Velay. Photo d’illustration Stéphanie Para. © Stéphanie Para

Alors que le projet d’implantation à Saint-Hostien a été définitivement enterré en juin dernier, la Communauté d’agglomération du Puy réfléchirait à installer le crématorium au Pertuis.

On appelle ça un vrai « serpent de mer ». Depuis plus de 40 ans, la construction d’un crématorium sur le bassin du Puy-en-Velay alimente les débats et les tensions. D’études en oppositions, de consultations citoyennes en appels à agir de l’association crématiste locale, les projets ont fleuri aux quatre coins du bassin ponot au cours des quatre décennies, pour finalement mourir dans l’œuf à chaque fois…

« On repart avec une feuille blanche ».

ADRIEN DEFIX (vice-président de la Communauté d’agglomération en charge du dossier)


Sanssac-l’Église, Espaly-Saint-Marcel ou la zone de Taulhac (Le Puy-en-Velay) étaient des pistes sérieuses, toutes abandonnées. Dernier exemple, peut-être le plus marquant : Saint-Hostien. Alors qu’un terrain avait été trouvé et que le conseil municipal s’était prononcé à l’unanimité en sa faveur à l’automne 2016, la mobilisation des habitants de la commune a, une fois encore, eu raison du crématorium en juin dernier, au terme de mois de discussions, tensions et réunions parfois houleuses.
Et maintenant ? L’Agglo du Puy doit reprendre le – long – processus à zéro. « On repart avec une feuille blanche », traduit Adrien Defix, vice-président de la Communauté d’agglomération en charge du dossier, sans en dire plus. Selon nos informations, un cabinet spécialisé dans les questions juridiques aurait été engagé pour éviter les contestations sur le fond comme sur la forme pour qu’un nouveau projet aboutisse.

Le Pertuis, destination privilégiée de l’Agglomération ?

Quant au point de chute du crématorium, au cœur de toutes les attentions et sujet de crispations, la commune du Pertuis serait, là encore selon nos informations, la destination privilégiée de l’Agglomération.
La présence du réseau de gaz, la proximité de la RN 88 avec la 2 x 2 voies à venir et sa situation « lien entre le bassin du Puy et l’est du département » plaideraient en sa faveur. Le projet n’en serait qu’au stade de la réflexion, le conseil municipal n’aurait d’ailleurs toujours pas été informé officiellement. En tout état de cause, au regard des délais incompressibles pour réaliser l’appel d’offres et étudier les candidatures, rien ne devrait bouger avant le printemps. On pourrait même dire, idéalement, après mars 2020, date à laquelle les élections municipales auront eu lieu…

La construction,  la gestion et  la maintenance de l’équipement à une entreprise du privé.


Les élus communautaires espèrent que l’entreprise mandatée pour le projet de Saint-Hostien fera une nouvelle fois acte de candidature. Il faut rappeler qu’après trois appels d’offres infructueux et pour avancer sur ce dossier bloqué depuis des décennies, la collectivité a lancé une délégation de service public afin de confier la construction, la gestion et la maintenance de l’équipement à une entreprise du privé.
Le temps presse sur le secteur puisque le nombre de crémations n’a cessé d’augmenter ces dernières années et que les familles altiligériennes sont confrontées à des délais parfois longs. « Un crématorium en Haute-Loire permettrait aussi de désengorger les installations existantes : les perspectives de développement sont importantes », plaide l’association des crématistes 43. 

Christophe Darne et Cédric Dedieu

« Ici, choisir la crémation,
c’est le parcours du combattant »

Les délais sont parfois longs pour les familles.?Photo d’illustration Dominique Parat.
 

En l’absence d’installation en Haute-Loire, les crémations pour les défunts du département se déroulent dans les villes voisines de Saint-Étienne ou Clermont-Ferrand. Ce qui ne va pas sans poser des problèmes pour les familles concernées avec des délais parfois longs…
Noir sur blanc, Guy avait couché sur papier sa volonté « d’être incinéré » au terme de son long combat contre la maladie. Pour son épouse, Françoise, et ses deux filles, il était donc important de respecter son choix.

« Il a fallu attendre cinq longs jours pour conduire mon mari au crématorium de Saint-Étienne… »

« Dans notre famille, la crémation était une première. Pour dire vrai, je ne m’y étais jamais intéressée avant d’être confrontée au décès de mon mari : je pensais même qu’un crématorium existait en Haute-Loire ! Les pompes funèbres nous ont alors expliqué le processus et qu’il fallait aller sur Saint-Étienne. » Les choses ont, dans le cas de cette famille vellave, pris du temps, la faute à une affluence importante à cette période sur l’installation stéphanoise. « Il a fallu attendre cinq longs jours pour conduire mon mari au crématorium de Saint-Étienne… »

« Un crématorium en Haute-Loire aurait été idéal »

À la peine de ce moment douloureux, s’est rajoutée « l’incompréhension d’une telle attente ». Pour la famille, le déplacement jusqu’à Saint-Étienne a été difficile à vivre. « Plusieurs personnes âgées de notre famille tenaient à être là pour ce dernier au revoir, dont la maman de mon époux. Il a fallu organiser des voitures pour les conduire, trouver le lieu etc. Je garde un très mauvais souvenir de tout ça et je me dis qu’un crématorium en Haute-Loire aurait été idéal. »
Et Françoise de conclure : « Il est aberrant qu’en 2019, alors que cette pratique funéraire se banalise partout, on en soit encore à chercher un terrain et à se faire la guerre pour le voir chez le voisin mais pas dans sa commune. En Haute-Loire, choisir la crémation, c’est le parcours du combattant. »

La Haute-Loire  et la Lozère, derniers « déserts crématistes »  de France

Depuis presque 40 ans, l’association crématiste 43 se bat pour voir enfin aboutir le projet de crématorium. Les membres de l’association n’avaient pas caché leur « profonde déception » en juin dernier avec l’abandon du projet de Saint-Hostien et espèrent maintenant une solution rapide pour mettre fin à la singularité locale de « désert crématiste », partagée avec la Lozère.